who am i.
NOM Beckett – comme l’écrivain. Comme les lettres d’or qui ornent l’enseigne, relique pleine d’arcanes, qui règne sur la devanture du bâtiment New Yorkais. Une grande maison d’édition tentaculaire qui, il y a même quelques années, s’est lancée dans la publication de magazines. Le papier se vend toujours. Parce que les Beckett  sont des receleurs de songes pour petits et grands. Beckett, oui, presque l’écho d’une malédiction lancée à sa naissance, c’est ainsi qu’il prend parfois à Héro de la considérée, cette famille illustre, asphyxiante. Ne vous méprenez pas, elle immolerait quiconque en dirait du mal. Elle, en revanche, peut le faire à loisir.   PRÉNOM Héro,prêtresse d'Aphrodite, se suicide à la découverte du corps de Léandre, son aimé, que les ténèbres ont dévoré. Ses parents ont certainement toujours eu le goût du tragique. Héro une intégration profondément biaisé, taillée par les brimades des petits écoliers vipères aspics. Aliénor comme Aliénor d'Aquitaine. Un prénom de reine pourtant, une attitude prolétaire à en filer un infarctus. Toujours de la profondeur, du poétique. Un trait de famille. Un pli. Une connerie. Si vous voulez son avis. A mort les surnoms pourris : héroïne, à proscrire. DATE ET LIEU DE NAISSANCE Un 29 Septembre, New York. Chez les civilisés, de toute évidence. ÂGE Vingt-keuh, Six. Le ciel s'assombrit, les paupières se ferment que déjà le temps ricane, narguant la pauvre demoiselle qui se découvre " ô enfer et damnation" une ride d'expression. NATIONALITÉ ET ORIGINES Américaine aux origines thé et cupcake avec un soupçon de lait,Darling... STATUT CIVIL Célibataire ou en couple. Qui se fiche bien de le savoir ? Elle est belle, intelligente, divertissante, exceptionnelle, extraordinaire. C'est suffisant, non ? Héro est d'une lucidité désarmante. Les relations de couple ont tendance à l'étouffer. Lorsqu'elle est célibataire, elle se prend à détester les gens casés, lorsqu'elle est en couple, elle se prend à envier les gens seuls. Elle n'arrive toujours pas à trouver le juste milieu. L'homme-"juste milieu". Enfin, ce n'est certainement pas faute d'essayer. Dans ce domaine, elle n'est qu'une empotée de plus, visiblement. MÉTIER/ÉTUDES Héro, elle papillonne. L'indécise qui veut être tout. Faire tout. Explorer. Amoureuse indécrottable de l'aventure. De la nouveauté. Elle fut longtemps première année de. Un tas de formations ( elle même ne se souvient pas de tous les bancs où son séant s'est un jour posé). Le fait est, qu'un jour, l'instable a rencontré la constante et depuis, elle est iconographe. Pour ceux et celles qui ne savent pas en quoi consiste le métier : vous ne ratez pas grand chose. Héro s'en lasse déjà. Sa véritable passion étant la cuisine jusqu'au jour où elle assumera pleinement ce penchant pour les goûts et les couleurs, elle continuera à s'ennuyer ferme. C'est qu'il ne faut pas décevoir Papa Beckett. STATUT MONÉTAIRE Il y a toujours pire. Lunatique qui tantôt se contente de peu, tantôt réclame beaucoup. Capricieuse flirtant scandaleusement au gré de ses envies. $$$$$ à tendance $$ Pauvres Africains démunis qui meurent de famine... TRAITS DE CARACTÈRE Héro elle est ça et ça et ça et ça. Les qualificatifs manquent. Mentent. Extravagante, rayonnante, pétillante. Orgueilleuse. Batailleuse. Voyez, elle trouve toujours à redire. La demi mesure, les compromis ? Que nenni. Elle a cette tendance à la suffisance bien malgré elle lorsqu'on ose souligner un défaut. Elle, avoir des défauts ? Laissez la dans le déni. Elle s'y complaît gaiement. Distribue sourire et billets , naïve momentanée. Elle est pourtant la donzelle réfléchie qui sait où elle met les pieds. Elle sait, un point c'est tout. GROUPE poison and wine.

when i have come so far.
Héro fait partie d’un club de lecture. D’un club d’écriture, d’un club de sculpture, d’un club de…de friture ? C’est elle-même qui l’a fondé. Les sourires n’ont pas intérêt à naitre sur vos lèvres parce qu’elle serait capable de se lancer dans une diatribe vous concernant ou dans un monologue plein d’emphase. Ce ne serait, à coup sûr, pas bon pour vos oreilles, ni pour vos yeux encore moins pour l’égo. Elle a la vanne facile Héro  voyage, beaucoup, parfois elle l’avoue : trop. Héro a visité tous les continents pourtant, aucun n’est aussi douillet, apaisant que son chez elle. Même si, elle oublie parfois où il est. Doute qu’il y en ait. Héro se dit souvent : « artiste ». Parce qu’elle peint, dessine, écrit. Voyez ? Parce qu’elle s’habille comme une vieille hippie paumée en plein 21ème siècle. Avec ses robes, ses jupes, ses bandeaux, ses bracelets, ses godasses – le tout, excessivement coloré. Mal assorti. Elle ne suit pas la mode, corne de bouc, elle l’a créé, bande de charlots ! Son langage peut être châtié. Très châtié. C’est qu’elle n’a pas toujours eu les meilleures fréquentations, séché les cours de diction. La pie niche haut l'oie niche bas, où niche l'hibou ? l'hibou niche où niche la pie – nah ! Putain, merde quoi, achète-toi des lunettes sale enfoiré de mes…bref ! Héro aime la nourriture et la réciproque semble vraie. Elle mange pour deux, parfois, pour trois. Angoisse lorsqu’elle pose le regard sur n’importe quelle balance. Tourne autour, rentre le ventre. Rentre le ventre. Elle a peur de prendre du bide. Comme tante Rebecca. Elle est très religieuse. Le hasard n’existe pas. Le hasard, c’est le destin. Le destin, Dieu. Tralala -  Les post-it, les photos, les petites attentions. Elle est comme ça, chaleureuse quoique tyrannique lorsqu’il s’agit de l’état de propreté du « temple » dans lequel elle vit. La poésie. Les grands mots. Les comédies romantiques. Hey, on ne laisse pas bébé dans un coin ! Les virées nocturnes direction nulle-part, en avant, moussaillon. Elle vit avec un seul regret. Mark.  
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PENSEZ-VOUS QUE L'AMOUR NE SE DÉFINIT QUE COMME UNE PASSION ? La pa..pa…passion ? Vous y croyez, vous ? Ces boniments racontés pour pipeauter la masse. La passion n’est certainement pas amour. L’amour. L’amour elle pourrait vous le décrire, vous le peindre du bout d’un pinceau, les yeux humides étincelant, pleins d’espoir. L’amour, vous dira-t-elle, commence par l’amitié. Comme dans « Quand Harry rencontre Sally » ou encore ce film indien dont elle ne se souvient plus trop du nom. Certainement pas la passion. La passion s’effrite et puis, elle n’en sait rien. Quelque part, ne l’ayant jamais ressenti, Héro préfère s’accrocher au tangible. L’amour c’est l’amitié. L’amour fait  rêver. C’est surfait. Pourtant, elle l’achète, l’idée. Le concept est vendeur. Dommage que des tas de gens ce soient faits arnaquer - pff- ÊTRE AMOUREUX, EST-CE VIVRE À DEUX (PARTAGER SON ESPACE, SON INTIMITÉ) ? Être amoureux c’est savoir faire des concessions – ce qui est une notion qui la rebute. Partager son espace en fait partie. En revanche, il est hors de question que son homme-« juste milieu » foute le bazar. Partager. Grand Dieu – un verbe qu’elle a du mal à conjuguer. Elle se trompe de temps, se goure de terminaison. Par-ta-ger. C’est un peu comme Patauger. Et pour le coup, elle patauge. Elle est égoïste. Elle accepte volontiers de partager un dîner, un paquet de gâteaux du moment que les quantités lui paraissent suffisantes. Aussitôt l’étau resserré, elle considère que le partage n’est qu’un étranglement. Elle n’irait pas partager l’addition – (c’est aux hommes de le faire), ni même les dettes de son compagnon. Partager /sans/ empiéter. Parfaitement. Après tout, elle est bien amoureuse de Léonardo Di Caprio depuis Romeo + Juliet  pourtant, elle ne vit pas avec. Il ne se doute certainement pas de son existence. C’était quoi l’intitulé de la question ? Peu importe, au final, la réponse à ce genre de question est toujours non.   À CONTRARIO, RÊVEZ-VOUS D'UN AMOUR ÉTERNEL - OU CELUI-CI N'EST-IL POUR VOUS QU'UN SENTIMENT ÉPHÉMÈRE ? Les filles en rêvent toutes, les « femmes », avec leur pseudo maturité acquise par l’expérience, aussi en rêvent toutes. C’est une mutation génétique bien planquée au fin fond des chromosomes sexuels. Quelque part à un locus lambda – invisible aux yeux avisés des scientifiques. Un allèle « obligation de rêver d’un amour éternel ». Elle en rit. Elle dénigre même, parfois. Lorsqu’elle apprend qu’une de ses amies vient de rompre avec un mufle. L’amour, le vrai, a grand intérêt à ne rien avoir d’éphémère. Mais, oui, elle y croit. Bien malgré elle.


maybe not one i was before.
« Monsieur Schmidt, la procession est-elle encore loin ? » ses pieds endoloris n’étaient certainement rien comparés à l’asphyxie de la touffeur qui régnait dans la jungle. Cela faisait des jours qu’ils avaient quitté le campement, à quelques centaines de kilomètres de  Dhulikhel  (INDE) pour s’enfoncer plus à l’intérieur. Des jours qu’Héro portait un regard dubitatif au cellulaire, dont elle avait réussi à sauvegarder le peu de batterie qu’il lui restait, et qui  s’entêtait à ne pas afficher ne serait-ce que qu’une demi barre de réseau. « Monsieur Schmidt, une fois que nous aurons rejoint vos « frères » sera-t-il enfin possible que vous signiez l’autorisation de diffusion de votre illustrat… » « Mademoiselle Beckett, respectez le silence qui règne en ce lieu » - le fait qu’ils aient été dans un temple ne changeait certainement pas la tournure dont elle aurait voulu affubler les choses. Un bain chaud relevait à cet instant du divin. Même une satanée douche froide au fin fond d’un hotel insalubre aurait été plus vendeur qu’un périple dans un coin aussi reculé. « D’accord, d’accord, je tâcherai d’ouvrir mes sept chakras – même si je suis persuadée qu’ils rechigneront à le faire avant que vous n’ayez » déjà que ce maudit Hermite s’éloignait, feignant à son grand dam, de ne guère entendre ses , comme il s’amusait à les appeler, « élucubrations rébarbatives ». Enfoiré.


« Merci Monsieur Schmidt » - avait-elle lancé, ne se départissant pas de son sourire, de sa joie de vivre pourtant pensant, sans mesure : merci pour la tourista qui est venue me saluer à ma venue, durant les trois quart de mon séjour et au départ. Merci pour les moustiques, merci pour les morsures d’araignées et la panique suite à celle du serpent ( dont le nom continuait à lui échapper). Merci pour l’entorse, les griffures faites par les branches, la peur au ventre. MERCI ( VRAIMENT) POUR LES 10 KILOS PERDUS. Merci – à goût de libération. « De rien, je vous ai trouvé un peu mollassonne. La jungle n’est pas faite pour vous » il lui avait lancé ça, un air sérieux vrillant ses traits. Paternaliste au summum. Malgré cela, malgré l’envie de lui arracher les yeux, de lui sauter au coup, de l’étouffer, d’attenter à sa vie de bel emmerdeur, malgré cela, elle ne fit aucun commentaire déplacé. Le verre, elle le voyait constamment à moitié plein. Elle continuait, Héro, à y croire. Même lorsque le bus l’emmenant vers l’aéroport vit deux de ses pneus crever, qu’elle survécut in extremis à un probable accident destructeur. Elle continuait. Se forçant. Optimiste. Elle y croyait lorsqu’elle appuya sur le bouton de son répondeur qui clignotait rouge. Lorsque la voix électronique lança un « Vous.avez. 70. Nouveaux. messages ». Soixante-dix. Un record pensa-t-elle. Elle s’accrochait toujours. Au premier, au cinquième, au quinzième, au dix-septième. Le plus inquiétant. Au dix-huitième, elle arrêta. Brutalement. En même temps que sa vision se brouilla, que ses genoux entrèrent en collision avec le sol. Lorsqu’elle perdit toute notion du temps, son bon sens. Lorsqu’elle oublia de sourire. Elle le perdit, Sourire. Il était mort, lui aussi. Avec lui. Mark. Avec son Mark.  Avec ce grand frère qu’elle avait délaissé à la première brouille familiale. Ce grand : modèle, presque père. La voix de sa mère. Puis celle de son père. Celle d’une tante. D’un oncle. Sauf la sienne, de voix. Sauf la sienne. Elle combattit l’envie de rien. En se précipitant à la recherche d’cette vieille K-7, enregistrée à partir d’un lecteur moyenâgeux. Elle appuya sur play. Et…pendant la semaine où elle peina à mettre le nez dehors, recroquevillée, débraillée, agonisante, Héro, elle l’écouta en boucle, cette K-7. Une chanson sur le « rayon de soleil » qu’elle était à ses yeux, à lui. Bazardée sur une bande, cadeau d’anniversaire. Original. C’était tout lui. Sa voix qui résonnait. Une partie. Un morceau qui n’avait pas péri. Elle aurait dû lui demander pardon. Elle aurait dû. Tout un tas de choses. Assister à ses funérailles, déjà. Être là, aussi. Être son « rayon de soleil », le demeurer envers et contre tous. Elle aurait dû, c'est tout.


Elle papillonnait d’une pièce à l’autre. Avec rapidité, peut-être l’était-elle trop, rapide ? Aux yeux de sa mère, certainement : « Où comptes-tu aller comme ça ? » Où ? Quelle question ! Chercher Cara, bien sûr. La reprendre aux mains d’elle ne savait qui ? Quel incompétent avait bien pu en recevoir la garde ? Son parrain. Un gars, un texan, avec un accent à couper au couteau, des manières de rustaud en possession d’un bar. D’UN BAR ! Un bar/grill – comme si, la partie grill allait apaiser le côté picole. Le côté « hey les marmots, c’est que j’aime m’bourrer la gueule  et éponger au gueuleton ». Cara, songea-t-elle, pauvre Cara. Quelle épreuve putain de dure elle avait dû essuyer. Se retrouver à la charge d’un homme pareil. Parrain ou pas. « Quelque part » - oh oh, madame Beckett ne sembla guère apprécier la réponse de sa cadette : « Sois plus précise » avait-elle lancé, couvrant sa progéniture d’un regard incrédule : « TEX--- », elle s’accroupit, attrapant une paire de jean tombée : « --AS ». Le Texas. Elle s’imaginait la chaleur, l’hospitalité des locaux, les discussions stériles à propos des vaches et différentes races y proliférant. Des chevaux. « Mais qu’irais-tu y faire ? » CHERCHER CARA. « Négocier les droits d’une photo » - le mensonge lui parut pieu. Suffisamment pour ne pas alarmer sa mère. Qui irait alarmer le père. Père Beckett n’était pas obligé de savoir. Déjà que l’existence de Cara avait été un grand choc. Elle voulait, tenter d’apaiser les esprits. Tenter de récupérer sa précieuse nièce en évitant les batailles juridiques. Une bataille qui risquerait de coûter un rein et son bar/grill à l’autre parrain. « Tu es sûre de ce mensonge ? ». La perspicacité de sa mère dépassait l’entendement : « J’en suis sûre pour l’instant, ça te va comme réponse ? ». Le privé qu’elle avait engagé avait intérêt à ne pas lui avoir menti sur toute la ligne.


Pour Mark, souffla-t-elle, prenant une profonde inspiration, les mains tremblantes. Cela faisait exactement trois maudites heures qu’elle était là, planquée dans sa voiture de location, à surveiller comme un pervers notoire, la maison dudit « parrain ». Un certain Samwell Dawson. Comme ce gars, dans cette série télé qu’elle regardait sans cesse et sur lequel elle craquait lorsqu’elle était gamine. Samwell Dawson, bonjour, je suis Héro Beckett, la tante de Cara. Non, non, elle ne pouvait pas se présenter de la sorte. Pas bonjour. Il faisait nuit. Bonsoir. Voilà, elle commencerait par un bonsoir. Elle appuya sur la sonnette. Une boule « grande comme une putain de maison de merde » au ventre. Elle attendit, l’attente lui sembla durer une vie. Une vie entière de doutes, de peurs. Lorsque la porte s’ouvrit, lorsqu’elle vit la petite dressée, elle s’accroupit, à sa hauteur, plantant son regard dans les petites billes luisantes qui lui faisaient face. Happée, voilà, elle fut happée par cette vision, frappée. Elle vit trente-six chandelles tournoyer autour d’elle. Elle était belle, Cara. Elle ressemblait à Mark. Elle lui ressemblait aussi.  Héro tendit sa main vers une Cara qui se déroba à son contact, vaillamment protégée par ce satané…en se relevant, elle croisa enfin son regard à lui. Vit enfin ses traits et se souvint de la question posée, elle lui sourit. Elle fit ce qu’elle avait toujours su faire de mieux. « Vous devez être Samwell Dawson ? » et v’lan, ces heures de préparations, les répétitions sur le pouce, ces sueurs froides, le « bonsoir » poli – travaillé- trahis par l’anxiété et son visage à lui.  Elle aurait aimé se cogner la tête contre le mur. Se jeter d’un pont. Dans la mesure où il n’y avait ni pont, ni mur à sa portée, elle se contenta de se frapper le front, de sa main joliment moite. Quelle conne, pensa-t-elle, essuyant rapidement sa main, la tendant au « parrain ». « Héro Beckett, je suis la sœur de Mark. Je suis là pour récupérer Cara ». Le sourire de retour soutenu par bonne volonté et détermination. Elle était prête à négocier serré. Elle le lui devait, c'est tout.