can you feel how much i love you?

cruel. d'une cruauté à toute épreuve. serrée, pomponnée dans ta robe aux multiples zéro, tu étouffes. t'étouffes devant la vision de ce couple heureux. t'étouffes face à cet amour qui possède la moindre parcelle de ton corps, face à cet amour qui n'était pas partagé. bien sûr qu'il t'aimait. comme un frère aime sa sœur. comme un père aime son enfant. mais pas comme un homme aime une femme. et pourtant, son coeur explose à la moindre vision, au moindre son, au moindre effleurement. il te possède depuis votre première rencontre, depuis que t'as quatre ans. depuis que t'es gamine, une enfant, tu sais. tu sais qu'il est et sera le seul et unique. tu le sais, tu l'as toujours ressenti. et pourtant. il a choisi lysa. celle avec qui il avait le moins d'affinité. celle avec qui il avait passé le moins de temps. pourquoi? ta place était à ses côtés, pas ta soeur. et pourtant, au fond, au fin fond, tu étais heureux pour eux. pour elle. comme une jumelle se doit de l'être envers son double. mais cette rancoeur, cette blessure ne te donnait pas l'opportunité de tout pardonner. à cause d'elle, à cause de lui, tu souffrais. en permanence. tu souffrais en silence, sans pouvoir dire un mot à qui que ce soit. la pire des tortures.

tout va bien rouquine? ton regard perdu dans le vague perd de son flou et rencontre son regard. tes joues s'embrasent, légèrement, une moue fait office de sourire. c'est horrible à dire, mais j'crois que j'ai passé la pire soirée de toute ma vie. et tu souris, ris, un sarcasme, une ironie, une tristesse non feinte. le mariage touche à sa fin, les mariés sont partis en lune de miel. tu n'as plus aucune raison de te forger un masque, alors tu vomis ta peine, ton coeur brisé. j'avais cru remarqué, oui. tu n'as pas dansé de la soirée. mais ne m'en parle pas, j'y comprend rien aux problèmes féminins. sa main effleure ta joue, comme une caresse, une brise, et il rit à son tour. sa présence te fait du bien, mais le pansement n'est pas assez grand pour refermer la plaie. braam. le dernier arrivé dans le groupe. mais probablement celui qui étonne le plus, qui enchante. il a cette joie enfantine, cette capacité à s'émerveiller d'un tout qui le rend adorable. indispensable. il t'a été d'un grand soutien, souvent, tout le temps, mais tu es bien trop épuisée pour y songer. de toute façon ça n'a pas d'importance. ça passera, comme toujours. tu lui souris, bravement, piètre mensonge. non, ça ne passera pas. jamais. sa main se pose sur la tienne, amicalement, tendrement. tu sais que je suis là n'est-ce pas? puis au point où j'en suis avec les jumelles rhodes... ton petit poing s'abat doucement sur son épaule, ponctué d'un 'crétin'. le coin de tes lèvres s'étirent, de plus en plus spontané. à ce rythme là il arrivera à te faire oublier reed. va-t-en savoir. la rouquine va aller dormir, la journée a été longue. on se voit demain pour le brunch? demain et quand tu veux, je reste à votre entière disposition, très chère. c'que t'es bête. et tu déposes un léger baiser sur sa joue, ta main sur sa nuque. nulle ambiguïté pour toi, il n'est qu'un ami. mais tu ignores que ce geste là restera gravé dans sa mémoire.